La rencontre
J’ai découvert l’œuvre de Driss Sans Arcidet presque par hasard, à la Biennale de Lyon, il y a déjà fort longtemps. Il présentait alors un de ses « musées », un de ses mondes intérieurs qui nous plonge dans un imaginaire autant singulier que collectif, et j’en suis restée marquée pour toujours.
L’univers d’un artiste prend une forme sculptée, peinte, dessinée, sonore, écrite sur de la toile, du papier, dans un livre ou sur scène ; avec Driss Sans Arcidet, c’est tout cela à la fois. L’intérieur est extérieur, l’histoire se fait espace, le passé devient présence.
Quand il est arrivé à Caen, ce fut une bien heureuse surprise, une chance pour la vie artistique. Un atelier lui a été alloué, des expositions organisées, des acquisitions réalisées. Mais une telle œuvre, généreuse, relève d’une économie non ordinaire ; elle ne peut être le fruit que de nombreux engagements solidaires, bien difficiles à engendrer par un artiste dont le quotidien fait œuvre.
Chose certaine, chaque exposition du Musée Khômbol « rencontre », comme on dit, tous les publics ; elle conduit le visiteur, tout en douceur - malgré les violences et les blessures de vies et d’époques mêlées dont elle se fait l’écho - dans un réel imaginé, dans un imaginaire sensible – et lui permet d’accéder à une part enfouie de lui-même.
Paris, le 1er mars 2018
Annie Chevrefils Desbiolles
Inspectrice de la création artistique au Ministère de la culture,
Ancienne conseillère pour les arts plastiques de la direction régionale des affaires culturelles de Basse-Normandie